Stade Montois Rugby utilise des cookies pour vous garantir une bonne expérience de navigation. Si vous continuez à visiter notre site, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.

Interview du manager sportif Bruno LOM

Après un voyage au CAMEROUN d'une dizaine de jours en tant que conseiller de la fédération, Le manager de l'Association Bruno LOM revient et livre son opinion sur une fédération en plein essor (interview accordée à la FECA).

Invité par la Fédération Camerounaise de Rugby, le Manager de l’Association du Stade Montois Rugby (Club Pro de Mont de Marsan) et Ex international Français, Bruno LOM a effectué une tournée d’expertise pour évaluer le niveau de développement du rugby au Cameroun. C’était du jeudi 23 au Samedi 28 Octobre.

Comment s’est faite votre transition de joueur à entraîneur/Educateur ?
J’ai toujours été entraîneur-joueur, j’ai passé tous mes diplômes étant jeune tout en jouant, ce qui explique ma longue expérience de formateur. J’ai entraîné l’équipe première du Stade Montois et ensuite je me suis tou! rné vers les jeunes puisque de par mon métier d’enseignant c’est plus vers les jeunes que je me reconnaissais. Ce qui m’a fait énormément plaisir de voir des écoles de rugby lors de ma tournée ici au Cameroun.

 

Quel est le rôle d’un Manager au Stade Montois ?
C’est d’abord une mission de développement de rugby et des clubs, qui passe par l’organisation, la coordination, des formations des joueurs, des éducateurs et le recrutement de toutes les équipes.
Le Manager doit aussi favoriser l’accès des joueurs au haut niveau et veiller d’abord à ce que leur formation personnelle soit au premier plan de leur formation professionnelle. Je tiens à ce qu’ils ne soient pas épui! sés avant le temps, car si leur épanouissement personnel est bien négocié ceci va booster leur épanouissement rugbystique.

 

Comment s’est faite votre collaboration avec la Fédération Camerounaise de Rugby ?
Au départ j’ai eu des contacts avec des joueurs camerounais que je ne connaissais pas particulièrement et qui sollicitaient une place de joueur à Mont de Marsan.
Plus tard j’ai rencontré les joueurs de l’équipe camerounaise lors de leur stage à Mont de Marsan en mars dernier ; j’y ai aussi rencontré les dirigeants de la FECARUGBY ainsi que le Coach Philip Vila, un ami et ancien coéquipier dans le temps…
Tout cela a favorisé des relations qui m’ont donné l’envie et la curiosit&e! acute; de connaître le rugby camerounais.
Il est vrai que j’ai entendu plusieurs sons de cloches venant de personnes externes, et je n’étais pas satisfait de ce qu’on me disait, j’ai donc préféré constater par moi-même…
La Fédération m’a donc invité et m’a chargé de la mission de juger l’évolution du rugby Camerounais.
François COLAS le DTN m’a accompagné dans mon périple et de part les lieux où nous sommes passés je dois dire qu’il accompli une énorme mission ici.

 

Quel était le contenu de vos interventions ?
Nous avons fait le tour de 3 villes, à savoir Douala, Yaoundé et Kribi.
Les séances d’animation que j'ai effectuées à Douala et Yaoundé portaient sur le même thème à savoir : Le Mouvement Général et la circulation offensive. Ce thème fait référence au déplacement des joueurs. C’est de développer cet aspect de mouvement de déplacement de joueurs avec des courses efficaces et opportunes. Il faut d’abord s’écarter et après aller droit pour prendre l’espace, avancer et remettre son équipe dans le même sens du mouvement ; cela crée donc une dynamique où le ballon bouge et les adversaires sont obligés de reculer, de se déplacer créant ainsi des espaces dans la défense ; donc il faut proposer le plus de mouvement possible pour perturber la défense adverse e t trouver des espaces.
C&! rsquo;est une approche technico-tactique qui dégage aussi un aspect informationnelle que nous avons aussi abordé ;
En marge des séquences d’entraînement j’ai eu une entrevue particulière avec les éducateurs et les arbitres pour voir quels peuvent être le prolongement, les pistes de travail et les contenus de développement à partir des thèmes traités.

 

Les joueurs suivaient ils aisément le rythme ?
Ils ont parfois eu du mal à mettre en place cette dimension technique. Il y a eu beaucoup de ballons tombés, et les placements ou rôles attribués font aussi que les courses ne sont pas bonnes. Leur course est un peu fuyante des fois, et lorsque l’on fuit le ballon au lieu de rentrer dedans on le perd. ! C’est pour cela qu’il y avait beaucoup de ballons qui sont tombés.
Mais globalement ce sont des techniques qu’il faut mûrir et les progrès vont se faire progressivement. Mais il faut dire que c’est une situation normale puisque l’action de l’équipe dirigeante actuelle de la Fédération date de 2 ans ; c’est vrai qu’à l’époque il y avait déjà du travail mais il y a eu un temps d’arrêt. Maintenant que c’est reparti et je trouve que c’est très positif.

 

A Kribi ?
A Kribi le thème abordé était très basic puisqu’on est encore à la découverte du rugby c’est ce que j’appelle en tant que formateur une situation d’ entrée dans l’activité.
Il fallait faire découvrir le rugby, faire passer le message à des élèves qui ont plutôt l’habitude d’autres sports, recueillir leurs premières impressions et entrer dans la première notion que les enfants doivent essayer de faire c'est-à-dire marquer.
Sur place nous avons rencontré Emmanuel BAHOKEN qui mène une opération de formation de formateur avec des jeunes, des scolaires et des enseignants du CENAJES qui sont totalement débutants et avec une volonté d’insertion sociale par le rugby ; c’est une bonne démarche qui montre que le rugby s’insère dans une action citoyenne.

 


Quel constat faites vous de l’évolution du rugby au Cameroun ?
Tout d’a! bord j’ai remarqué des conditions difficiles de pratique tels que des terrains pas toujours adéquats. Et ce qui m’a surpris c’est que les joueurs s’y entraînent sans se plaindre. Ils sont très motivés, et contents de se retrouver, de jouer et chanter le « Haka »…pour eux c’est vital. Il y en a qui m’ont confié que s’ils ne s’entraînent pas ils en sont « malades ». Cette motivation pourrait provenir du rugby qui dégage en soit des valeurs et il y a aussi cette catégorie de joueurs qui ont un réel besoin de dépense physique, j’ai pu constater que le Cameroun est une nation très sportive et les jeunes ont envie de s’épanouir et d’avancer et je les sens sur la bonne voie.
L’aspect de mouvement sur lequel nous avons travaillé correspond aus si aux qualités des joueurs camerounais qui sont vifs, rapides ! et se servent aussi beaucoup de leur physique.

Qu’allez vous faire au vu de tout ce que vous avez pu évaluer ?
Je suis prêt à revenir si on me le demande, et je retiens par rapport à ce que j’ai vu qu’il y a beaucoup de travail de terrain, de pratique et de formation.
J’espère aussi être le porteur de parole de la Fédération dans mon Club afin de participer aussi au développement du rugby camerounais.

 

Que faut t-il faire pour que le Cameroun soit aux premières loges du rugby africain ?
Je pense que le Cameroun n’en est pas loin s'il regroupe tous ses meilleurs joueurs comme TCHALE WATCHOU, ARNOLD TCHOUGONG,! ARSENE NOME, MISSOUP, etc. qui évoluent dans les plus hauts niveaux des clubs européens. C’est une tâche qui n’a pas toujours été aisée jusqu'à présent mais le dernier rassemblement montre que tous ces joueurs sont aujourd'hui engagés.
L’équipe est très motivée mais ses joueurs ne sont pas toujours gâtés. Il y a eu beaucoup de déception notamment celle du dernier tournoi de la Car Trophy Poule « B » qui ne s’est pas faite. Ca coûte beaucoup aux dirigeants de faire venir des joueurs pour des compétitions qui ne se font pas.
Il faudrait donc que les instances du rugby mondial prennent conscience que si on veut le développement du rugby africain il faut que les choses soient un peu plus organisées et donc que des personnes qu i travaillent dans des conditions difficiles puissent avoir les moyens! d’être rassurées par une organisation fiable.
Le rugby camerounais a aussi besoin de faire sa propre pub et devrait multiplier les rencontres internationales face à des nations égales et ne pas hésiter à affronter des équipes de niveau supérieur, cela va aussi permettre aux joueurs d’élever leur niveau de pratique et classer l’équipe dans le top 5 du rugby africain.
La Fédération doit aussi compter sur les espoirs avec qui nous avons eu nos séances d’entraînement et qui ont démontré aussi leur habilité à challenger d’avantage.

 

Comment les aînés peuvent aider les cadets ?
Il y a des figures de proue telles que ! Serge BETSEN, Robins TCHALLE WATCHOU, Emmanuel BAHOKEN, dont on peut se servir de l’image pour faire le promotion du rugby camerounais, ainsi que Arsène NOMO le Capitaine et champion du Top 14 qui prend son rôle très à cœur au sein de l’équipe.

 

Que pensez vous du Rugby féminin ?
J’ai été surpris de voir des filles qui se faisaient plaquer sans ménagement par les garçons et qui répondaient aussi bien avec leur niveau d’engagement physique. Ca montre aussi le courage qui existe au niveau féminin. J’ai vu des mamans qui jouaient au milieu des plus jeunes et ça prouve qu’il n’y a pas de frontières au rugby, ni tabou et qu’une pratique mixte au niveau senior est possible.
Le rug by féminin va de l’avant, la preuve il y a des femmes entraîneurs et arbitres, etc. c’est sur la bonne voie.

 

En conclusion
Il faut se dire que rien n’est jamais acquis il y a toujours du travail il suffit qu’un maillon de la chaîne s’affaiblisse pour que la chaîne se casse.
Tous les partis prenants de la Fédération doivent penser collectif comme le rugby le demande c’est du travail collectif. C’est ensemble que le rugby camerounais va se construire mais pas que chacun retire de la gloire tout de suite, il faut avoir de la patience.


Retrouvez cette interview sur http://www.fecarugby.org/